Jean-Baptiste Beau est le fondateur et CEO d’Oniri, une start-up lausannoise. Le but d’Oniri : vous apprendre à interpréter et contrôler vos rêves. C’est lors de ses études à l’EPFL que Jean-Baptiste a pu concrétiser ses rêves entrepreneuriaux.
Nous avons eu la chance de l’interviewer pour i-vest pour en apprendre plus sur Oniri, son parcours et le climat startupeur en Suisse.
Pouvez-vous nous raconter comment vous est venu l’idée de créer Oniri ?
En 2014 j’ai découvert les rêves lucides, et j’ai tout de suite été fasciné par le potentiel de cette pratique. Pour apprendre à faire des rêves lucides il faut passer par plusieurs étapes, la première étant de noter ses rêves dans un journal pour s’en rappeler. Seulement pour moi, il était impensable d’écrire dans un journal papier. J’étais un jeune geek de la nouvelle génération, et je voulais digitaliser ce journal, pour pouvoir classifier mes rêves, les rechercher, et surtout : ajouter des images. J’ai donc cherché une application de journal de rêve, et bien qu’il en existait quelques-unes, aucune ne répondait à mes attentes. Donc j’ai fait la mienne.
Pourquoi est-ce que les rêves sont importants ?
On dit que le temps guérit toutes les blessures. C’est partiellement vrai. En réalité, c’est le sommeil et les rêves qui guérissent les blessures. Les rêves permettent d’aborder et de reproduire des situations que vous avez vécu afin de les appréhender et d’en détacher les émotions qui y sont liées. C’est ainsi que, après avoir fait des dizaines de cauchemar à propos de votre dernière rupture, vous arrivez finalement à surmonter cet événement et à pouvoir y repenser sans être submergé·e d’émotions.
Les rêves jouent aussi un rôle essentiel pour la créativité. Pendant le sommeil paradoxal —phase où la plupart des rêves apparaissent, le cerveau entre dans un mode qui facilite la création de connexions entre différents concepts, et par conséquent la génération d’idées. C’est pourquoi il arrive souvent de se réveiller avec une idée pour un problème sur lequel on bloquait la veille. Les exemples d’un tel phénomène sont nombreux : des peintures de Dalí aux travaux d’Einstein, en passant par la chanson Yesterday des Beatles et au design de la machine à coudre, de nombreuses idées et créations connues proviennent des rêves de leurs auteurs.
Les rêves lucides sont sans aucun doute la pratique naturelle la plus sous-estimée de notre époque. Un rêve lucide est un rêve dans lequel le rêveur prend conscience qu’il ou elle est en train de rêver. Cela déclenche alors un état spécial du cerveau, qui nous permet de contrôler complètement le rêve, et d’être plus alerte de nos sens.
Beaucoup de personnes ne se souviennent pas de leurs rêves au réveil. Comment est-ce qu’Oniri peut aider à améliorer notre capacité à se souvenir de nos rêves ?
La meilleure manière de se souvenir de ses rêves est de les noter, dans les secondes qui suivent le réveil. Vous pouvez mettre un rappel ou une alarme pour vous en rappeler ; Oniri peut le faire pour vous. La première fois, vous vous rappellerez peut-être seulement de la dernière scène de votre rêve ; mais en les notant tous les matins, vous entrainerez votre mémoire des rêves, et vous arriverez rapidement à vous rappeler de beaucoup plus d’éléments. En une semaine de pratique seulement, vous serez surpris·e des résultats. Il est assez fréquent qu’après quelques mois, les utilisateurs arrivent à écrire des pages de récit toutes les nuits —c’est d’ailleurs pour ça qu’Oniri vous permet d’enregistrer vos rêves vocalement, pour aller plus vite. À titre personnel, j’ai l’impression de vivre le scénario d’un film de 2h30 chaque nuit.
Pouvez-vous nous expliquer un peu plus ce que sont les rêves lucides ? Et comment est-ce qu’Oniri peut nous apprendre à les avoir ?
Selon moi, les rêves lucides sont sans aucun doute la pratique naturelle la plus sous-estimée de notre époque. Un rêve lucide est un rêve dans lequel le rêveur prend conscience qu’il ou elle est en train de rêver. Cela déclenche alors un état spécial du cerveau, qui nous permet de contrôler complètement le rêve, et d’être plus alerte de nos sens. C’est une sorte de metaverse naturel, 100% immersif, et qui ne dépense pas notre temps précieux puisque qu’il prend place pendant le sommeil —et la qualité du sommeil n’est pas affectée. Les applications sont nombreuses : voler, aller sur la lune, transformer un cauchemar en rêve paradisiaque, apprendre un instrument, sortir avec une célébrité, et bien plus —votre créativité est votre seule limite.
Il existe beaucoup de techniques pour faire des rêves lucides, mais peu ont une efficacité prouvée. Oniri vous aide avec la plupart des techniques à l’aide de rappels, alarmes, guides audio, outils d’enregistrement, etc… Nous travaillons aussi avec des laboratoires de neurosciences pour développer et tester nos propres techniques.
Les rêves lucides soulèvent beaucoup de questions, alors n’hésitez pas à lire nos articles sur le sujet !
Vous avez créé votre start-up lors de vos études de Master à l’EPFL. Pouvez-vous nous expliquer comment ce programme aide les étudiants à créer leurs entreprises ?
Il y a sept ans, j’ai quitté la France pour venir à l’EPFL, pour ses opportunités en termes d’innovation. Sept ans plus tard, l’EPFL m’aide à transformer un projet personnel en startup à fort potentiel. J’ai participé à presque tous les programmes de l’EPFL : Changemakers, Blaze, thèse en Startup, Innogrant. Tous m’ont été utiles et ont participé à faire d’Oniri ce que c’est maintenant. En particulier, l’opportunité de faire ma thèse de Master dans ma startup m’a permis de me plonger dans la recherche autour des rêves et de développer des collaborations avec des laboratoires en neurosciences qui sont aujourd’hui essentielles pour le projet.
Vous étiez présent à la Startup Champions Seed Night cette année. Pensez-vous que ce type d’évènements est important lorsqu’on est une start-up ?
Les événements comme la Startup Champions Seed Night permettent aux startups d’avoir de la visibilité, notamment auprès d’investisseurs et autres acteurs essentiels. Ces événements sont très utiles dans des phases de levée de fond.
Quelle est l’importance de l’investissement dans la création et le fonctionnement d’Oniri ?
Nous avons la chance de déjà générer des revenus, ce qui nous permet de ne pas trop dépendre de fonds externes. En revanche, nous rechercherons des investissements lors de phases clés du projet, afin d’accélérer la croissance de la startup. Nous avons déjà un bon positionnement sur le marché du rêve, mais il est crucial d’avancer rapidement pour garder notre longueur d’avance sur la compétition.
Quel est le futur d’Oniri ?
À l’instar des applications de méditation qui se sont énormément développées ces dernières années, je vois Oniri participer à la généralisation d’une nouvelle pratique de santé et bien-être. J’imagine Oniri comme la plateforme centrale des rêves, connectant les rêveurs, les psychologues, et les chercheurs. En aidant la recherche sur les rêves, Oniri participe déjà à repousser les limites de nos connaissances et à ouvrir de nouvelles opportunités dans ce domaine. En parallèle, les dernières avancées en machine learning ouvrent la porte à de nouvelles applications inédites. Ne serait-il pas merveilleux de se réveiller en découvrant un court-métrage de notre rêve, que l’on pourrait visionner comme on visionne un film ? Je ne serais pas surpris si une telle application voyait le jour dans la prochaine décennie.
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